À l’ombre de la médina, Fès (Maroc)
Workshop photo | septembre 2025

Le dur labeur du tanneur

France Garcia-Ficheux

« J’ai adoré ce workshop. Cette ville est magnifique et, grâce à Préludes et à mes camarades de stage, je crois pouvoir dire que j’ai encore progressé dans ma pratique. J’attends un nouveau workshop avec impatience. »
— France

Incontournable !
Si vous allez à Fès au Maroc, il faut absolument visiter la tannerie Chouara. La plus ancienne, la plus authentique, qui respecte un savoir-faire séculaire... L’un des panoramas les plus pittoresques de la ville, très photogénique... vous diront tous les guides touristiques. À cette vision colorée, j’opposerai ce que j’appellerais « le dur labeur du tanneur ». La peau brunie par un soleil de plomb, immergés jusqu’à la ceinture, sans protection, dans des puits aux émanations aussi insupportables que toxiques, les tanneurs répètent à longueur de journée les mêmes gestes. Tandis que certains trempent, d’autres piétinent, soulèvent, râpent, coupent, portent, touillent... des peaux de bêtes qui deviendront de superbes sacs ou autres objets de luxe vendus à prix d’or.

Ce sont les conditions de travail de ces hommes qui m’ont marquée lors de nos visites, et ce sont elles que j’ai voulu montrer dans ce travail. Je reprends ici un texte de Jeune Afrique :
« Les ouvriers [de la tannerie] sont sous-payés, ils n’ont pas de couverture médicale, pas de retraite et pas d’indemnité en cas de maladie... Les tanneurs sont aussi victimes de maladies chroniques, les poumons et la peau rongés par des produits chimiques (chaux, extraits d’écorces de mimosa, colorants, fientes de pigeon) qu’ils manipulent en grande quantité lors de la préparation des peaux. »

Peut-on passer outre ces conditions et se contenter de s’émerveiller du spectacle ? Jusqu’où le tourisme a-t-il une légitimité ?

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