Mentorat photo 2023/2024 | édition n°1

Empreintes
David Blondiaux

Source inépuisable et intarissable d’inspiration pour tous les artistes, l’univers de la plage me fascine par sa beauté inspirante, ses jeux de lumières, de formes et de mouvements mais avant tout par ses contrastes.

Oscillant en permanence entre douceur de vivre et violence, le milieu marin me séduit autant qu’il m’effraie. Il stimule et exacerbe mon imaginaire, ma créativité bercée par les univers de Lewis Carroll et de Jacques Tati.

Les plages d’Opale aussi vastes que pittoresques sont ainsi plongées dans une atmosphère étrange, enivrante, onirique, incertaine voire oppressante. Comment conférer à ces tranches de vie à priori ordinaires, banales, capturées soit en été sous un climat humide, soit en plein hiver sous un vent glaçant, une nouvelle dimension inattendue, surnaturelle ?

En combinant, en juxtaposant trois voire quatre images distinctes, je me suis efforcé dans un premier temps de leur appliquer le rythme d’une partition de musique.

J’ai volontairement désynchronisé les horizons, renforcé les contrastes, saturé les ciels. J’ai composé ainsi de nouvelles partitions.

Créant ainsi de toute pièce des scènes irrationnelles et fantastiques à partir d’images d’apparence banales, j’ai alourdi l’atmosphère, j’ai provoqué l’inconnu.

En d’autres termes j’ai déstructuré une certaine réalité. Je vous accueille, je vous convie désormais dans mon propre imaginaire surréel.

Ces empreintes dans le sable sec ou humide, ces kaléidoscopes de cabines de plages et de couchers de soleil vous permettent d’appréhender l’univers marin sous un angle envoûtant et surréaliste.

Je vous convie dans votre nouvel imaginaire empreint de sérénité et d’évènements surprenants. À travers toutes ces tranches de vie, découvrez, immergez-vous, l’espace d’un instant, dans la vie de ces intrus en ombres chinoises : cet homme avec ces deux enfants, ce couple statufié devant ses cocktails, ces cavaliers errants, ces garde-côtes aux aguets, les créateurs invisibles et inventifs de cet éphémère château de sable...

Simultanément, vous migrez vers un univers non seulement multidimensionnel mais aussi multiculturel à quelques encablures de la « Perfide Albion » ...avec ce zombie dont la silhouette se fond dans le paysage, valise à la main, sorti tout droit d’une toile de Magritte.

Pensez un instant à ce que fuit cet enfant tremblant après avoir traversé cette forêt de pieux. Cette fragile cabine de plage baignant dans un paysage marin idyllique et cristallin recèle d’infinies surprises. Elle résiste inlassablement aux assauts des rouleaux de cette mer qui se déchaîne, aux vents qui se lèvent, à cette atmosphère saline qui ronge tout inexorablement sur son passage, à cette écume ...des jours.

N’oublions pas le destin qui attend ces deux pêcheurs s’empressant de rejoindre la digue. La mer décidera peut-être de les reprendre en les emprisonnant dans une baïne.

Cette sirène prostrée sous un parasol, hypnotisée par son smartphone, se nécrosant l’esprit : elle oublie, elle ignore son environnement et la marée qui se rapproche sournoisement de plus en plus vite. Ces triptyques, ces quadriptyques photographiques, musicaux voire cinématographiques constituent autant de vecteurs pour symboliser cette distorsion entre le temps et l’espace, entre le passé, le présent et l’avenir, entre le tangible et le surréel.

Ces photographies que j’ai voulues déterministes en référence à Bergson, vous permettent ainside vous immerger dans les bouleversements permanents des rapports entre l’homme et la nature. Celui-ci confronté à sa solitude, à sa condition humaine, à son identité peut ainsi se projeter en permanence vers une nouvelle dimension.

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